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À trente ans, le compositeur Jules Matton signe ici son premier disque. Diplômé de la Juilliard School of Music and Dance, il est très tôt remarqué par John Corigliano, qui souligne le « talent remarquable, à la technique impeccable » de son élève.
Les pièces de ce disque – deux cycles de mélodies, deux trios et un quatuor à cordes écrits entre 2014 et 2017 – entrent en résonance pour former une trame unie et cohérente qui brosse un portrait de l’œuvre de ce jeune compositeur au parcours déjà brillant. Pour ce faire, il s'est entouré des musiciens parmi les meilleurs de sa génération, tels Yan Levionnois (ffff Télérama pour son enregistrement Bach), Guillaume Vincent et Jeanne Crousaud. Les quatre membres du Quatuor Debussy, bienveillants aînés, officient également dans son Quatuor à cordes, son premier, situé en droite ligne des quatuors de Schnittke ou de ceux d'Olivier Greif. Dégagé de toute forme de chapelle et d'idéologie, Matton tourne définitivement la page du siècle dernier. Ses Chansons sur des poèmes de Michel Houellebecq nous embarquent dans un tourbillon centrifuge qui laisse sans voix. Aux extrémités de l'album, son trio et son cycle sur des poèmes de Philippe Jaccottet sont autant de "raclées administrées avec la jubilation d'un satyre volontiers tyrannique", comme l'écrit si justement l'auteur du livret.